- Editorial
- février 1, 2023
Absolution papale

Placée sous le signe de la réconciliation, la venue du Souverain pontife paraît un motif d’espoir, voire d’espérance pour nombre des Congolais qui attendent de voir le pays se remettre sur les rails pour un décollage définitif. “Tous réconcilés en Jésus-Christ” proclame la campagne officielle menée tambours battant aussi bien par l’Eglise que par l’Etat néanmoins laïc. On veut bien y croire mais la tradition des occasions manquées et perdues confine à la prudence. Qui la visite du Pape va-t-elle réconcilier? Est-ce le peuple et ses dirigeants plus ou moins légitimes? Est-ce les dirigeants entre eux qui se détestent du haut de leur arrogance et suffisance alors que les résultats ne suivent pas depuis une soixantaine d’années? Est-ce entre les politiques et la société civile dont les premiers se servent pour asseoir le mensonge de leur vision inexistante? Ou bien la majorité et l’opposition qui se détestent cordialement sur la base de la seule contradiction du pouvoir que l’on exerce ou l’on convoite par nombrilisme? Avant de se réconcilier, les Congolais ont-ils pris le temps d’identifier l’objet de leur division ou le feront-ils devant le réconciliateur pour lui étaler l’immensité de leur incompétence à s’auto-évaluer d’abord? Si tous reconnaissent l’autorité morale du Souverain pontife, il faut éviter cependant que tous ne s’en servent comme de la Constitution et des lois du pays pour en exploiter de manière sélective les dispositions. Ruser avec la présence du Pape comme a voulu le faire André Mbata pour instrumentaliser le voyage apostolique du successeur de Pierre, est le pire usage que l’on peut faire de cette opportunité rare. Dans le chaudron congolais où la politique n’a ni éthique ni morale, ni règle, on ne s’étonnera pas de voir et d’entendre demain, plusieurs prétendre avoir reçu l’absolution du pape, même pour des forfaits à venir. Non le Pape ne lave pas blanc ce que chacun refuse de nettoyer par lui-même. Et quiconque espère se faire absoudre de ses fautes, devra se résoudre à se repentir, à les confesser et puis à les réparer. L’absolution est à ce prix et chacun et tous doivent accepter de le payer. Ce ne serait pas cher payer, à voir notre extraordinaire capacité à dilapider nos chances.