Editorial de KILEBA POK-A-MES : Un régime d’avocats

Editorial de KILEBA POK-A-MES : Un régime d’avocats

Un juge qui jette l’éponge pour dénoncer le harcèlement politique dont il est victime de la part d’un avocat proche du régime. L’épisode paraît ironique dans le contexte d’un Etat de droit souvent claironné. Mais il est symptomatique de la gouvernance réelle à mile lieues des vertus feintes de la République et du “Peuple d’abord”.

Le juge démissionnaire, Batubenga qui invoque la dignité de sa charge et de son serment pour refuser de se soumettre à un diktat qui incline à la forfaiture alors que le droit et sa conscience lui indiquent clairement le chemin à prendre, ne fait pourtant rien d’extraordinaire.

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L’avocat Peter Kazadi qui n’a déjà pas la réputation d’être un brillant plaideur sur la place de Kinshasa où il est plus connu pour sa militance partisane que pour quelque cause ou quelque haut fait d’avocature, ne serait pas à son premier coup.

Attirer un dossier judiciaire qui implique un adversaire, Moïse Katumbi, en l’occurrence,  dans les eaux glauques de la politique politicienne en vue de régler des comptes pour l’empêcher de concourir, démontre que Peter Kazadi et ses mentors n’ont rien compris de l’histoire politique contemporaine.

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Certes, le court terme peut leur donner l’illusion d’une partie gagnée ou facile à gagner, mais c’est le propre du pouvoir de se nourrir de l’illusion de la toute-puissance qui le prive de la conscience du bien et du mal.

Entre l’Etat de droit dont n’est pas né le régime qui rend fou un avocat braillard et l’Etat de droit que se plait à chanter le chef de l’Etat pour crédibiliser son action et s’attirer la sympathie du monde qu’il parcourt, il y a comme un hiatus que s’efforcent de combler maladroitement ceux qui, au sein du régime, ne comprennent pas que l’exercice du pouvoir ne donne pas droit à tout.

Ceux qui, en dépit de leurs parchemins universitaires, n’ont rien compris de la cité et de la res publica.