Editorial de KILEBA: Remontée acide de la vérité des urnes

Editorial de KILEBA: Remontée acide de la vérité des urnes

“Compromis à l’africaine”, impossibilité d’une “alternance spontanée”, compromis politique, accord politique, etc, les expressions ne manquent pas pour désigner une seule et même réalité hideuse de ce qui s’est passé en RDC en 2019, après des élections qui ont englouti plus de 1 milliard de dollars US. La venue de Macron à Kinshasa, et bien avant celle-ci, la sortie médiatique de Corneille Nangaa a ravivé les débats, rouvert les plaie et rallumé la douleur.

La RDC officielle voulait un accueil mouvementé pour le président français afin que celui-ci cesse de fermer ses oreilles aux plaintes et jérémiades congolaises contre l’agression rwandaise que de toute évidence, les Congolais ne supportent pas, mais le casting maladroit de l’événement a produit une visite mouvementée et pour Macron et pour son hôte, Félix Tshisekedi lui-même.

On attendait ce concert de condamnations et imprécations contre Paul Kagame, l’agresseur qui ne nous laisse plus dormir depuis que sa silhouette longiligne hante non seulement les mille collines de son petit royaume, mais également les montagnes et hauts plateaux de l’est congolais. On a eu droit à une inattendue remontée acide de “la vérité des urnes” là où elle n’avait surtout pas le droit de surgir au risque de gâcher la fête.

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Mais à vouloir trop jouer à cacher sa nudité à l’eau dont on se lave, le liquide finit pas nettoyer même les yeux qui refusent de voir. Depuis fort longtemps, les esprits lucides savent que même dans cette affaire de l’agression de notre pays par de “petits” pays voisins, la meilleure lecture et la seule rationnelle est de séquencer deux réalités qui se superposent.

La première est la réalité de notre indignation qui peut justifier et expliquer nos jérémiades, nos colères face à l’injustice, à l’ingratitude, à la barbarie dont sont victimes nos compatriotes, face au pillage de nos ressources naturelles, aux violations massives des droits. La seconde réalité est celle de notre incompétence en tant qu’Etat à assurer, par une gouvernance idoine, l’administration et la souveraineté de notre territoire.

En autant d’années, les autres ont eu le temps de nous déstabiliser, nous piller et nous affaiblir, et en autant d’années, nous avons eu le temps de nous plaindre, de gémir partout et de continuer à espérer que demain sera différent d’hier. En autant d’années, nous avons appris à gouverner par des compromis, à en inventer même après élections, en espérant toujours que demain ira mieux.

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N’est-ce pas cette réalité de l’incompétence assumée qui a fait dire à Tshisekedi que le “compromis à l’africaine” relève du paternalisme. Comme si au lendemain du compromis, le Congo-Zaïre s’est mieux porté alors que quatre ans durant, le leadership congolais parcourt le globe pour mendier des appuis qui ne viennent pas.

Entre les deux réalités que notre malice voudrait laisser superposées pour continuer à danser comme sur deux cordes raides, il n’y a de place que pour un effondrement certain. Peut-être “l’inanition de la nation” annoncée par un prophète maudit par les tribulations politiques et la transhumance digestive mais à l’esprit bien en place quand il le veut.