Politique-Rdc: Union sacrée : Tshisekedi absent à son propre sacre

Pas de sacre, samedi 29 avril, au stade des Martyrs. Et pour cause? Tous les “investisseurs”, pasteurs, sorciers, marabouts, tous étaient présents. La foule des admirateurs, des zélateurs, des clients, partisans, venus de gré ou de force, étaient là. L’autel avait été dressé pour la grande cérémonie. Les chorales préparées et improvisées.

Les effigies de toutes les couleurs et de toutes les sauces. Et le slogan, bien trouvé et très épicurien pour que personne ne se trompe sur la nature du rassemblement et du festin : “Se retrouver du bon côté de l’histoire”. A l’arrivée, la star, la rock star, Félix Tshisekedi lui-même n’est pas venu.

Il n’a pas pointé son nez au stade des Martyrs très vite rempli et qui refusait du monde, mais aussi vite désempli pour laisser le presidium de l’Union sacrée goûter l’amère réalité du désaveu. Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Augustin Kabuya, Modeste Bahati et Christophe Mboso ont connu en un clin d’oeil les quatre saisons en l’espace d’une demi-journée.

Dernier à prendre la parole alors que les gradins et les tribunes s’étaient déjà vidés, Mboso N’Kodia Pwanga a même fait preuve d’une étonnante maladresse, s’en prenant gratuitement à l’opposition que lui n’a jamais faite, préférant chaque fois se retrouver “du bon côté de l’histoire”.

Lire aussi:

Pourtant, l’Union sacrée avait tout pour réussir cette journée et son meeting géant. A grand renfort de propagande, et des billets de banque, tous les coins de la capitale ont bougé. Banderoles, calicots, t-shirts, “vuvuzela”, bus, taxi-bus, taxi-motos réquisitionnés ou mobilisés, aux frais des organisateurs, par ce temps de dèche généralisée, distribution massive d’argent à ciel ouvert, sans gêne, l’Union sacrée de la nation avec ses centaines de partis politiques, les uns aussi malettes que familiaux, avait tout emprunté du FCC (Front commun pour le Congo).

Même tromperie sur leur monopole de l’amour du Congo, même diabolisation de l’opinion contraire, même suffisance, mêmes méthodes de corruption de masse et même culte de la personnalité à l’endroit d’un individu. Là c’était Joseph Kabila, ici c’est Félix Tshisekedi.

Le premier était “l’autorité morale”. Le second est “la haute autorité politique”. A quelques exceptions près, les piliers de la déification de “l’autorité morale” sont les mêmes que ceux de la déification actuelle “haute autorité politique”. Au même nom du même Congo.

Dans les environs du stade, dans la cour du Palais du peuple notamment, des scènes insolites de bagarre entre partisans et militants des partis de l’Union sacrée, se déchirant pour le partage de l’argent, ont été observées. “Je ne veux rien entendre de ce qui se dit là bas dans ce stade. Je suis venu parce qu’on nous a promis de l’argent”, tonne un jeune désoeuvré prenant au collet un autre qu’il soupçonne avoir arnaqué le groupe à son seul profit.

Comme les partis politiques (plus de 400, selon des sources), des églises de réveil ont aussi contribué à fournir des participants aux organisateurs de la manifestation politique, avec pour objectif de remplir le stade de 80.000 places assises. A l’image des hommes politiques prêts à ramper à plat ventre pour l’argent, les pasteurs des églises ne détestent pas l’argent. Ce fut aussi une aubaine pour eux pour se faire un peu de sou.

Les fidèles crédules et manipulés ont rapidement dit “Amen” à l’invitation des pasteurs qui ont empoché la cagnotte et n’ont pas daigné redistribuer aux ouailles. Félix Tshisekedi, le champion de l’Union sacrée, porteur de la vision que tous évoquent sans que personne ne sache dire exactement ce qu’elle est, n’aura pas été le seul absent.

D’autres absents remarquables aussi ont brillé. C’est le cas de Edouard Mwangachuchu. Détenu à la prison de Ndolo pour “atteinte à la sûreté de l’Etat, Mwangachuchu est un des députés qui soutenaient Tshisekedi jusqu’au jour où les renseignements militaires ont mis la main sur lui pour le remettre à la justice militaire. Telle est l’Unuion sacrée de la nation dont d’aucuns disent détenir le monopole de l’amour du Congo.

YONGO DATCH.