RDC: L’après-visite du Pape François

RDC: L’après-visite du Pape François

Le pape François reparti, la RDC qui vivait, comme transportée par la lumineuse présence du Souverain pontife, est redescendue sur terre. Le pays a retrouvé ses problèmes, ses angoisses, son insécurité dans la partie Est où le M23- l’autre nom de l’armée rwandaise-, harcèle les positions des FARDC et tente d’asphyxier la ville de Goma.

Kinshasa la capitale a retrouvé ses inextricables embouteillages aggravés par l’incivisme des conducteurs et de la police de circulation routière. Déjà que la fin du séjour papal a été alimentée par la polémique sur le bref mais percutant message du cardinal Fridolin Ambongo délivré à la messe papale à l’aéroport de Ndolo, présentant le peuple congolais comme “un peuple qui souffre” et appelant à des élections libres, transparentes et inclusives.

Le parti présidentiel, l’UDPS et tous les fanatiques du régime sont entrés en action pour diaboliser et arroser l’archevêque de Kinshasa de pires insultes. Une fin de visite papale pimentée aussi par une jeunesse impatiente qui ne l’a pas caché au chef de l’Eglise catholique en rappelant, au stade des Martyrs, que le mandat de Félix Tshisekedi touchait à sa fin.

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De petits faits qui ont failli noircir une séquence de l’histoire qui se veut marquante. Le Pape a, quant à lui, délivré des messages forts et puissants qui ont contribué à rasséréner les esprits, surtout dans le monde politique où ils sont en permanence tendus.

Avec toute l’autorité qui est la sienne, mais dans la plus grande humilité et fermeté, François a distribué des coups. A tous, sans exception. Aux puissants et aux prédateurs du monde entier en les enjoignant : “retirez vos mains du Congo et de l’Afrique”. Il a dénoncé la corruption, le tribalisme, l’injustice, l’affairisme des hommes d’Eglise, etc. “Tous réconciliés en Jésus-Christ”, la visite papale a donné la première opportunité de voir en quatre ans, l’opposant Martin Fayulu et le président Félix Tshisekedi en un même endroit.

Le premier, on le sait, a toujours contesté la victoire du second à la présidentielle de décembre 2018 et se considère comme “le président élu”. C’est,  sans doute cette réalité des choses qui agace les partisans de Tshisekedi qui n’ont guère supporté le bref laïus du cardinal Ambongo sur des “élections transparentes et inclusives”.

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Pourtant, Fayulu qui s’est déjà projeté dans l’avenir en se lançant pour une nouvelle candidature à la présidentielle annoncée du 20 décembre 2023, a appris à faire contre mauvaise fortune bon cœur.

A la faveur de la visite du pape, alors que la polémique enflait sur les réseaux sociaux et que l’archevêque métropolitain de Kinshasa faisait l’objet d’un lynchage en règle par une armée numérique de talibans, sans foi ni loi, Martin Fayulu, se fendait d’un tweet : “Je remercie le Pape François d’avoir éclairé le monde sur la situation sécuritaire, sociale et politique de la RDC. J’ai accordé le pardon à ceux qui ont volé la victoire du peuple. Je suis engagé pour des élections transparentes, impartiales et apaisées en 2023”. La marque de grands hommes.

Yongo Datch.